Cet article porte sur les réfugiés cambodgiens entrés dans les usines de la région nantaise au début des années 90. Une analyse du stéréotype d'ouvrier docile, les modalités d'émergence de ce stéréotype, les modes de pérennisation d'un tel stéréotype à meusre que ses fondements historiques s'éloignent...
Depuis ses débuts, l'internationalisme ouvrier n'a cessé d'être travaillé, dans ses doctrines comme dans ses pratiques, par le phénomène national. L'étude des archives de la CFDT et de la CGT permet d'analyser la répartition du travail syndical opérée sur le thème de l'immigration par les centrales africaines et françaises. Elle amène notamment à examiner tout d'abord les logiques qui ont conduit les syndicats africains à tenter de contrôler les revendications des travailleurs subsahariens établis en France, puis la marginalisation dont ces derniers ont été l'objet de la part de syndicats français. Plus largement, elle souligne la bureaucratisation du mouvement ouvrier français, qui s'est déconnecté des luttes sociales de l'immigration, participant ainsi à la crise de la représentation syndicale en France.
Pour les sans-papiers, rien n'est jamais acquis quant aux bonnes pratiques des syndicats. Les épisodes alternativement victorieux et malheureux des mouvements de grève sur les lieux de travail de 2008 et 2009 illustrent les contraintes qui pèsent sur cette rencontre entre syndicats et sans-papiers.
La question des syndicats ouvriers face aux mouvements de sans-papiers ne se comprend sans doute pas au singulier, ni hors du cadre plus vaste vis-à-vis des étrangers. Curieusement, dans un pays de vieille tradition migratoire comme la France, l'étude historique de ces postures reste lacunaire, au moins pour la période d'avant les années 1970, où l'introduction de travailleurs était soumise à une sorte de pacte d'invisibilité, a fortiori si elle était « sauvage » ou « clandestine ». Dès les années 1980, on assistera à un combat pour la reconnaissance du statut de travailleur, à l'initiative des étrangers eux-mêmes.
Cette étude fait le constat de la faible mobilité des populations défavorisées, et examine les politiques publiques initiées en conséquence pour désenclaver les quartiers populaires et les personnes soumises aux difficultés économiques. Elle pointe cependant la dérive possible vers une injonction à la mobilité, qui ferait perdre aux habitants les ressources fondées sur les réseaux sociaux.
Maintenus durablement dans un statut d'emploi précaire, les travailleurs du bâtiment doivent endurer de multiples humiliations : mensonges, agressivité verbale, moqueries, surnoms ou insultes racistes, etc. De telles humiliations sont permises par le statut relégué de leurs cibles, et dans le même temps elles entretiennent ce statut, fonctionnant comme des « pense-bêtes » rappelant la menace liée à la précarité de l'emploi...
Deux enquêtes menées par l'auteur dans une usine de Durban et de Port Elisabeth. Quelle est la situation politique à l'usine et dans le pays, comment sont les relations ouvriers/patrons, les primes, les salaires, la discrimination...?
Une équipe de jeunes cinéastes amateurs raconte l'arrivée et l'installation d'immigrés italiens à Villerupt, petite ville du bassin sidérurgique lorrain affectée par la crise sidérurgique
Récits de jeunes ouvriers, depuis le temps de l'école jusqu'à l'entrée à l'usine ; de l'apprentissage du travail à la soumission à la discipline. Vie ouvrière hors travail, du loisir jusqu'à l'investissement dans la maison et la vie familiale.
Le premier plan quinquennal (1928-1932) avait pour objectif de transformer l'URSS, pays rural, en société urbaine et industrielle. Un élément-clé de cette transformation était le recrutement en tant qu'ouvriers de millions de paysans. De quelle façon les villes ont-elles changé ces migrants ? Dans quelle mesure ont-ils conservé leur culture paysanne ? Comment se sont-ils intégrés à leur nouvel environnement urbain, à l'entreprise ? Cet article, consacré à l'exemple de Moscou, analyse tour à tour l'exode rural massif entre 1926 et 1939, puis la place des anciens paysans centrés sur l'entreprise en tant qu'ouvriers.
Dès les années 1850, à Fourmies et dans les villages alentour, les entrepreneurs du textile relèvent les défis que pose la configuration sans cesse mouvante des marchés. Au terme des 30 ans d'une croissance ininterrompue, cette ville se taille une solide réputation à l'échelle européenne dans le domaine de la laine fine et des tissus de qualité. Or, à Fourmies, le caractère massif du recours à une main-d'ouvre immigrée qui autorise la croissance industrielle va de pair avec l'intensité du rejet de l'ordre usinier par la classe ouvrière naissante, et la fusillade du 1er mai 1891 se déroule sur fond de lutte des classes. Pourtant, s'il existe un domaine où le patronat fourmisien ne ménage pas sa peine, c'est bien dans celui de l'enseignement technique.
Pendant plus d'un siècle et demi (milieu du 19e jusqu'à la fin du 20e) l'industrie du vêtement était le plus grand secteur manufacturier de la ville de New York et employait plus de New Yorkais que partout ailleurs. Aujourd'hui, les métiers d'aiguille sont toujours une partie importante de l'économie de la ville, en particulier pour les nouvelles vagues d'immigrants qui coupent, cousent et assemblent les vêtements dans les magasins autour des cinq arrondissements...
La famille, en particulier la famille italienne, est l'objet de nombreuses recherches. La thèse du familialisme et du particularisme traduit l'attachement des Italiens à certaines formes de cercles restreints, privilégiant les intérêts familiaux et immédiats au détriment d'un investissement civique plus global. L'auteur, après avoir analysé quelques théories existantes sur le familialisme, étudie la famille vue à travers le prisme de la classe ouvrière, classe à laquelle apartiennent massivement les immigrés italiens de Roubaix, puis dans ce contexte, il s'attache à examiner la condition de la femme italienne ainsi que la place et l'éducation des enfants.; Attachement à la cellule familiale, subordination de la femme, différence d'education entre filles et garçons caractérisent non seulement les Italiens installés à Roubaix, mais aussi la classe ouvrière locale.